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Page:NRF 6.djvu/194

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l88 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ce visage ou se jouent les plis du sourire^ qui prenaient Pâme et les sens par le désir !

��IV

��Le feu, appelant le feu. Va saisie,

elle qu^il ne peut détruire, mais qu^il torture

à plaisir de toutes les douleurs, de toutes les agonies.

Mère de la Fierté, son sanctuaire est violé.

Mère des Délicatesses, elle est devenue une cible

pour les outrages ; Mère du Plaisir, la voilà nue ;

Mère des Héros, ses fils sont asservis ; voyez sous la pluie,

loin de ses frontières, ces chaînes de prisonniers longues d^une lieue!

Mère si tendre pour ses jeunes fils courageux, elle les voit passer ^

comme des fantômes, et se faire faucher comme Vherhe ;

Mère de V Honneur, elle est déshonorée ; Mère de la Gloire,

elle est condamnée à couronner de laurier son vainqueur,

et à V abreuver de louange.

Est-il une pire malédiction ? Il en est une encore :

compatissez à sa folie I Elle fut la Mère de la Raison,

mais elle a les a vu faucher comme F herbe, ses jeunes hommes i

dans les sourds grondements du tonnerre, de ce tonnerre incessant

qui tient le monde civilisé pelotonné en une laide tache,

transi de peur

tandis que sans relâche la Force lui ronge le cœur de son bec

de vautour et lui déchire les membres de ses griffes.

Elle, transpercée des éclairs,

avec la folie pour toute cuirasse,

avec ses mamelles taries — et ses petits ont soif —

et tout autour d^elle ses plus nobles fils qui meurent en vain !

Mère de la Raison, elle subit la triple malédiction :

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