194 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
n'avait qu'à entendre son ordre pour accourir.
N^était-elle pas née pour la conquête ? Empanachée de plumes
brillantes^ sa vanité distribuait à tous des saluts gracieux. Magnifique^ derrière ses fonderies de canons^ et son industrie
et ses ArtSy avait-elle à craindre la vengeance des Dieux ? Sa foiy elle résidait dans la liste
de tous les noms de victoires conservés dans ses annales. Elle étourdissait de chant et de danses ses guerriers et ses
dameSj se livrant toute au Déshonneur : lui livrant la France de la
tête aux piedsy la France présente et à venir^ pourvu quelle pût entendre la
trompette et le tambour — à la fois Bellone et Bacchante ! Et elle se
précipita sur les bataillons lourd-bottés des maîtres d^ école prussiens. Raison Invétérée! elle sait bien pourquoi la force lui a manqué. La force n'est fidèle qu'à la force. Son rêve a vécu ; elle peut lire au ciel le destin ; elle peut boire jusqu'à la lie la coupe du malheur pour effacer le souvenir honteux des jours oîi elle s'est faite semblable au maître qu'elle
servait^ pour être la terreurs des nations^ mais aussi devenir un être
énervé. Elle a voulu acheter le traître : elle s'est vendue à lui, — elle pour la domination, lui pour replâtrer un trône.
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