La vie de Coventry Patmore était entièrement changée, et par sa conversion et par son mariage. Sa conversion l’éloignait naturellement d’un grand nombre de fréquentations littéraires, et augmentait l’isolement autour de lui. Son mariage le faisait riche. Il put renoncer à son emploi du British Muséum. (Il fut mis à la retraite, avec une pension de cent vingt-six livres sterling, le 6 janvier 1866.) Et bientôt il achetait, à Uckfield, Sussex, deux propriétés contiguës, de quatre cents acres, et sur lesquelles étaient bâties deux fermes.
C’est alors qu’il entre dans sa troisième période d’activité créatrice.
Il a publié, en 1886, un petit livre intitulé: "Comment j’ai administré et amélioré ma propriété." On y voit quelle énergie il déploya, et comment, chose rare dans l’histoire littéraire, un poëte se révéla soudain homme d’affaires accompli. Il avait toujours aimé et étudié l’architecture, et son premier soin fut de transformer en résidence seigneuriale une de ses deux fermes. Il passa deux ans sur les lieux, par tous les temps, surveillant et conseillant les entrepreneurs, aidant les maçons à bâtir. Le château fut achevé en 1868, et " Buxted Old Lands " devint " Heron’s Ghyll."
En véritable aristocrate, Patmore s’adapta sans difficulté à sa nouvelle vie. Il satisfit son goût pour les animaux (chiens et oiseaux), pour la solitude (construction d’un " Ermitage " dans le parc), et pour les longues promenades en voiture. Mais à aucun moment il ne fut entraîné ou submergé par sa nouvelle richesse : au contraire, il y met l’ordre et la règle, et la tient bien en main.