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Page:NRF 6.djvu/465

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d'une section d'infanterie 459

aux bouffées de remugle humain que dégageait sous ses narines le dos gras de son chef de file.

Du fond de la cour le lieutenant à lorgnons arriva, comme s'il eût attendu son moment, au trot d'une petite jviment tarbaise à longue queue. Les paysans remarquè- rent qu'il montait bien. L'adjudant se porta à sa rencontre et lui parla entre ses joues d'une voix pâteuse. L'officier lui répondit d'en haut avec une intonation nasale qui entra dans le silence épais, comme le sifflement d'une scie qui attaque une planche.

D'une pression de ses longues jambes, il fit avancer sa jument et regarda attentivement ses hommes. Quelques- uns gonflèrent la poitrine, joignirent les doigts sur le bois du fusil. Mais son attention se leva de dessus eux au moment où elle leur devenait pesante. Il tourna bride d'un air indifférent, en lâchant un ordre. Les gradés prirent la section par les épaules et la pétrirent. Il y eut une minute de chaos, pendant laquelle les poitrines se rencontrèrent, puis les réservistes se trouvèrent, l'arme au pied, en colonne par quatre, face à la grille, sans comprendre quelle magie avait tiré cette conversion du désordre.

Et tout à coup la section se vit en train d'emboîter le pas à la jument tarbaise au long d'une rue en pente. Depuis le commandement bref du lieutenant il s'était assurément passé quelque chose en elle mais elle n'aurait su dire quoi. Les fusils s'étaient levés d'eux-mêmes entre les doigts ; sur une détente en ressort du poignet, ils avaient rejoint l'épaule, et les pieds avaient porté en avant leur lourde armature de cuir et de fer.

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