la lécher, droit dessus. Nous l’entendions pousser de petits aboiements de joie, et de la façon dont il bondissait en l’air plusieurs fois de suite, on aurait vraiment pu croire qu’il nous la cachait par ses gambades. Puis, tout d’un coup il poussa un hurlement, se rejeta en arrière au milieu de nous par un mouvement d’une maladresse bizarre et retomba à plat et ne bougea plus. Le domestique sortit de l’autre côté de la maison avec les lettres. Il hésita un instant ; apparemment l’expression de nos visages n’invitait pas à s’approcher. Et déjà ton père lui faisait signe de rester là. Ton père, Malte, n’aimait aucune bête : mais cette fois, avec lenteur à ce qu’il me parut, il alla vers le chien et se baissa vers lui. Il dit un mot au domestique, un ordre bref. Je vis celui-ci se précipiter, pour emporter Cavalier ; mais ton père prit alors lui-même le chien dans ses bras et partit avec, comme s’il savait exactement où, dans la maison.
Un jour que, durant ce récit, l’obscurité s’était faite, j’ai été sur le point de parler à maman de la main ; à ce moment cela m’aurait été possible ; et déjà je prenais haleine, j’allais parler, quand soudain je songeai à ce domestique qui n’avait plus pu avancer à cause de leurs figures, ce que je comprenais si bien. Et, malgré l’obscurité, j’eus peur de ce visage que prendrait maman quand elle saurait ce que j’avais vu. Et vite je repris