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POÈMES 535

PARTIR

Seul. Je veille.

Ma lampe fait un bruit d'abeille.

Dehors^ la nuit laborieuse de chez nouSy

Peuplée de rossignols, de crapauds et d'insectes

Déferle au dessus de la moisson mûrissante d^août

Que la molle lueur du ciel mouvant humecte.

C'est donc vrai que je suis de nouveau dans ma chambre

(T adolescent Qui m'accueille, souriante et triste comme un maternel reproche. C'est donc vrai que je suis revenu parmi toutes ces choses Qui sont comme un peu de mon clair passé se survivant. Souvenirs qui bruissez autour de moi comme une ruche. Nuit insidieuse lourde de parfums, chires embûches !

  • *

Maintenant, j'ai fermé la fenêtre au flux de la nuit.

J'ai clos mon cœur à l'essaim des souvenirs.

Demain, je m'arracherai à l'étreinte désolée de ma mère.

Demain, je passerai la pierre usée du seuil

Et puis, je m'en irai, sans retourner la tête.

Droit devant moi, sur la route aveuglante de soleil.

Car il n'est ni retour, ni refuge, ni trêve. Pour celui dont la pensée, un jour Où il joignait ses Ihjres à de ferventes livres. S'est à jamais exilée vers l'autre amour.

Henri Aliès.

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