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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 66^

buissons, les roches où grincent les clous de mes semelles. A mon approche, les stupides oiseaux relèvent la tête, s'interrogent, s'agitent un peu ; il faut une nouvelle déto- nation pour les convaincre de se disperser. Mon boy entre-temps a ramassé les victimes qui sursautent encore. Il tire son couteau et hâtivement leur scie le cou. Sur la peau coriace et bleue, la lame crie : quelques gouttes de sang coulent enfin : mes hommes, dès lors, pourront tâter de ce gibier égorgé suivant la loi.

A 10 heures, nous mettons pied à terre pour abreuver nos bêtes dans un affluent de la Modjo qui roule son eau, pure comme l'air, sur des bancs de grès bleuâtre, de toutes parts ombragés par des mimosas bien fournis. Un jardin plein de bananiers, de rosiers, et qu'entoure une haie de cactus s'étend au long de la rive. Il est désert et charmant. Point de porte : on se faufile entre les raquet- tes hérissées de poils piquants. Les bananes ne sont pas mûres, mais les roses abondent. Elles s'effeuillent, inutiles et délaissées, dans cette solitude où s'étend leur parfum délicat. Une chute, non loin, feit grand bruit. En vain, je la cherche des yeux. Elle se dissimule derrière les fovu'rés, les amas de roches et les parasols déployés des mimosas ; je ne la découvre qu'au moment où le lit de la rivière brusquement fait défaut, s'afiàissc à pic, laissant le courant, limpide et dru, glisser dans le vide. Un étroit bassin de pierre, enfermé entre deux parois de granit s'arrondit au-dessous du flot qui s'y abat, s'y amasse, puis file en écumant parmi les blocs épars, où croissent dé minces lauriers blancs. En regagnant le gué, tiré un couple de canards qui s'attardaient dans une anse

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