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7^2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

PIERRE DE CRAON. — Mais aussi, Violaine, je suis bien malheureux !

Il est dur d'être un lépreux et de porter avec soi la plaie infâme et de savoir que l'on ne guérira pas et que rien n'y fait.

Mais que chaque jour elle gagne et pénètre, et d'être seul et de supporter son propre poison, et de se sentir tout vivant corrompre,

Et non point, la mort, seulement une fois et dix fois la savourer, mais sans en rien perdre jusqu'au bout l'aiFreuse alchimie de la tombe !

C'est vous qui m'avez fait ce mal par votre beauté, car avant de vous voir j'étais pur et joyeux.

Le cœur à mon seul travail et idée sous l'ordre d'un autre.

Et maintenant que c'est moi qui commande à mon tour et de qui l'on prend le dessin.

Voici que vous vous tournez vers moi avec ce sourire plein de poison.

VIOLAINE. — Le poison n'était pas en moi, Pierre !

PIERRE DE CRAON. — Je le sais, il était en moi, et il y est toujours et cette chair malade n'a pas guéri l'âme atteinte !

O petite âme, est-ce qu'il était possible que je vous visse sans que je vous aimasse ?

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