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Page:NRF 7.djvu/1018

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IOI2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

en voudrait à mort, maintenant. Ce fut plus fort que lui : il dit à Juliette devant sa mère, oui, devant sa mère :

— Juliette, ce n'est pas moi...

Ah I cela ne traîna point. Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase. D'un bond M"*^ Frébault fut près de lui, et il reçut une paire de gifles... devant Lucienne, devant Juliette.

— Qu'est-ce qu'il y a donc ? demanda Frébault qui rentrait, rasé, une cigarette inachevée aux doigts. Il vit sa femme comme un coq dressé sur ses ergots, le Louis, assis au pied de son lit de fer, tournant le dos à tout le monde. Il vit Juliette. Il comprit.

— Je suis venue vous dire bonjour, M. Frébault ! dit Lucienne qui aurait voulu être, elle aussi, bien loin.

— Mais enfin qu'est-ce qu'il y a donc ? répéta-t-il.

— Il y a, dit Juliette retrouvant toute son assurance, que vous, M. Frébault, vous êtes un brave homme, — et elle se rapprochait de la porte en disant à Lucienne : Je rentre chez nous, — tandis que votre femme c'est une bigote.

M*"* Frébault se précipita vers elle comme tout-à- l'heure sur le Louis, mais Juliette était déjà loin dans la rue. Une minute après, Lucienne partit. Elle en avait assez, d'une réception pareille. On ne la reverrait plus, de ces huit jours.

Quant à Juliette, le Louis ne la reverrait sans doute pas de longtemps, peut-être plus jamais...

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