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Il6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

anciens maîtres y laissent chaque jour une place plus large aux nouveaux ; que Franck y est déjà chez lui ; qu'une œuvre aussi hardie que la Symphonie de Dukas vient d'y recevoir une sorte de consécration classique.

Cette œuvre est trop connue pour que nous nous donnions le ridicule de sembler la découvrir. Mais à côté de la Psyché de Franck, dans cette atmosphère habitée par le puissant souvenir de Beethoven, la symphonie de Dukas nous a paru plus solidaire que jamais de la grande tradition symphonique et ce ne sont pas. tant ses innovations harmoniques, sa fièvre jeune qui nous ont saisi, que la solidité de l'édifice qu'elles recouvrent. Frappant témoignage de l'importance, de l'excellence de l'enseignement,, qu'un maître véritable comme Franck donne depuis trente ans et continue de donner aux musiciens, ses disciples ou non, qui auront écouté et qui écoutent sa parole. L'influence de Franck, elle se montre chez presque tous les musiciens d'aujourd'hui ; il n'en est peut-être pas un qui n'ait été tenté de reproduire, à son moment de plus grande sincérité, l'inflexion propre au vieux maître, si fermement prenante, si noblement languide... — aucun... ; et M. Paul Dukas n'échappa point à cette emprise. Mais, dans la séduction même de sa voix. César Franck les entraînait à une ambition plus haute, une ambition constructive, et si chez quelques-uns, sensuellement moins doués, le souci architectural l'emporta sur l'émotion, il servit au mieux l'expression de l'émotion chez les autres et leur permit de renouer la chainc interrompue depuis la Symphonie avec Chœurs. A travers Franck, à travers Wagner, à travers Saint-Saëns même, en dépit de l'en- richissement personnel qu'il apporte à notre musique, M. Dukas rejoint Beethoven. Le premier morceau, le finale de la Sympho- nie en ut majeur ont l'entrain, la carrure, le rhythme décisif qui nous soulèvent à l'audition des Symphonies. Ce nous fut un rare plaisir, hier, d'entendre cette œuvre neuve et hardie réveiller les mêmes échos.

H. G.

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