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146 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

prêtres ; gracieuses maids menées par d'inquié- tantes vieilles que suivent, à distance, d'antiques gentilshommes galantins tout parfumés de poudre, noyés de musc et d'odeurs ; canaille de la rue, magistrats du Temple, plèbe des tavernes, nobles lords, gens des tories et gens des whigs, tout cfela en un brouhaha d'appels, de rires, de baisers, de coups et de jurons marchant le nez au vent et les pieds dans la boue. Les uns viennent de Cheapside, d'autres de la Fleet, d'autres par Paternoster Row, la rue aux livres et aux chapelets, des tribunaux où il y a des hommes affublés de perruques qui se croient assez intègres et assez purs pour juger d'autres hommes, de Foë.

Et toi, à travers les carreaux étroits de ton magasin, derrière le comptoir mal éclairé, tandis que ta femme Suzanne est penchée sur les livres des comptes et commence à s'user les yeux sur les chiffres, tu regardes et écoutes avidement ces êtres. Tu es terriblement occupé d'eux. Tous n'entrent pas dans ton magasin, tous n'ont pas besoin d'un jabot, d'un mouchoir, d'un gilet pour le jour, d'un bonnet pour la nuit ; mais, que ce soit le vaurien dont les pieds sortent de souliers éculés ou l'alderman notoire qui marche à pas composés en dandinant sa bedaine et en regardant le monde à travers le verre cerclé d'or de ses lunettes, tous parlent, tous disputent, tous cla- baudent sur la religion, les affaires, la politique des

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