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lyO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Au matin du 14 mai 1701, ayant revêtu tout ce que tu possédais de meilleur comme habits, ayant mis ta ceinture et ton grand chapeau de guerre, entouré de seize pétitionnaires vêtus comme toi de noir et graves autant que toi, tu gagnas Saint-Paul, de Saint-Paul le Temple, et, de là, par la Fleet, le Parlement. Au Parlement, malgré les clercs, huissiers, scribes, hommes portant les masses et d'autres les baguettes, vous parvîn- tes, au milieu de la surprise de tous, jusqu'à la salle fameuse où les Communes d'Angleterre étaient assemblées. Le speaker, assis en un haut et sévère fauteuil, soumettait, à ce moment, un bill à l'approbation des honorables membres. Alors, de Foë, sans crainte ni regret, sans insolence non plus, suivi des seize pétitionnaires, tu entras dans l'assemblée et, tête nue, te portas au-devant du speaker. Le speaker, surpris, se leva avec un flegme lent et mesuré. Tu lui tendis la pétition que tu avais rédigée et qui contenait le cri ardent, l'appel désespéré du peuple jeté aux fidèles Com- munes. Le papier, par une inspiration de génie que tu avais eue, était, comme il convient à une vaste pétition du nombre, signé de ce seul nom :

LÉGION.

Au nom de la Légion des pauvres, des persé- cutés et des parias, tu venais d'élever la voix à la face du monde, de Foë !

Mais cela ne fut pas, dans le même temps, le

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