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Page:NRF 7.djvu/31

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lettre inédite d'arthur rimbaud
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entre les petites villes de province. Sur cela, voyez-vous, je n’ai plus d’illusions. Parce qu’elle est à côté de Mézières — une ville qu’on ne trouve pas, — parce qu’elle voit pérégriner dans ses rues deux ou trois cents de pioupious, cette benoîte population gesticule prudhommesquement spadassine, bien autrement que les assiégés de Metz et de Strasbourg ! C’est effrayant, les épiciers retraités qui revêtent l’uniforme ! C’est épatant comme ça a du chien, les notaires, les vitriers, les percepteurs, les menuisiers, et tous les ventres, qui, chassepot au cœur, font du patrouillotisme aux portes de Mézières ; ma patrie se lève !… Moi, j’aime mieux la voir assise ; ne remuez pas les bottes ! c’est mon principe.

Je suis dépaysé, malade, furieux, bête, renversé ; j’espérais des bains de soleil, des promenades infinies, du repos, des voyages, des aventures, des bohémienneries, enfin : j’espérais surtout des journaux, des livres... Rien ! Rien ! Le courrier n’envoie plus rien aux libraires ; Paris se moque de nous joliment : pas un seul livre nouveau ! c’est la mort ! Me voilà réduit, en fait de journaux, à l’honorable Courrier des Ardennes, propriétaire, gérant, directeur, rédacteur en chef et rédacteur unique, A. Pouillard ! Ce journal résume les aspirations, les vœux et les opinions de la population, ainsi, jugez ! c’est du propre !… On est exilé dans sa patrie !!!