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NOTES 311

compte, dans une œuvre entièrement sienne, mâle et guerrière, plus soucieuse de rhythme et de clarté tragique que de formules compliquées de musique pure, accolées à je ne sais quelle analyse racinienne de sentiments. Il y a là confusion des genres, selon l'exemple pernicieux de Wagner. Que si M. Magnard répugne à créer lui-même sa forme et doute de la possibilité d'une tragédie lyrique qui ne suive pas la loi de Bayreuth, qu'il relise seulement le Boris Godounov de Moussorgski. Voilà de la simplicité, de la clarté et de la force.

H. G.

��LA DETTE DE JETTCHEN GEBERT, roman de mœurs berlinoises, par Georges Hermann, traduit de l'allemand par T. de Wyzewa. (Hachette.)

Adaptation plutôt que traduction. 476 pages compactes ont été ramenées à 300. Les passages oii G. Hermann évoque amoureusement les menues choses, ceux où son délire sentimen- tal se teinte de vague philosophie, où il médite sur le " tragique d'un visage", l'énigme de "la beauté inconsciente d'elle", le velouté d'âme des êtres " qu'on n'embrasse qu'en rêve, la nuit", les signes visiblement allemands, trop allemands, du

  • < Gemût ", sont tombés.

Ainsi allégé et transposé dans une langue alerte, voilà le roman berlinois accommodé au goût français.

Aussi bien, que fallait-il de plus, puisque c'est sur une œuvre de G. Hermann que le choix de M. de Wyzewa s'est porté ? L'évocation du Berlin sans " Siegesallee " de 1 840, de ses intérieurs " Biedermeierstil ", fleurant la menthe poivrée et les confitures, de ses bourgeois à bottes jaunes et à perruques raides, des marchands cossus et sentimentaux qui chantaient les chan- sons de Béranger, lisaient Jean-Paul et faisaient bien leurs affaires, n'est point sans grâce. L'aventure sentimentale de Jettchen, éprise d'un poète famélique et condamnée par les

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