Aller au contenu

Page:NRF 7.djvu/486

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

480 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

même. Qu'est-ce à dire ? L'auteur vient-il brusquement faire la satire des récents procès de haute trahison en nous montrant un officier que nous savons coupable, épargné par une loi trop prudente ? Ou n'était-ce qu'un procédé pour amener le revire- ment, fort juste celui-là, de Laurence ? Car la fille de marin ne peut supporter l'idée de retrouver près d'elle, acquitté, celui qu'elle sait criminel et dans l'épouvante qui la gagne, elle se laisse glisser de la passerelle et se jette dans la mer.

Telle est cette pièce inégale qui contient une scène de tout premier ordre et beaucoup de fragments, de répliques, d'indi- cations de l'intérêt le plus pressant. On sent par instants un véritable instinct dramatique, une façon carrée, abrupte de poser les problèmes et une sorte de hardiesse silencieuse. Mais bien que le sujet fût simple, la pièce n'a pas d'unité. Elle touche à trop de problèmes moraux sans en aborder aucun de front. C'est, si j'ose dire, un récit de trahison accompagné d'un très beau commentaire, plus intéressant que le texte même, mais qui en arrête le mouvement. Comme la pièce serait mieux centrée si elle dirigeait toute notre attention sur Laurence et Malte !

Une phrase qui avait été supprimée à la répétition générale mais que l'auteur a rétablie depuis, donne bien la clef de ce qu'aurait pu devenir ce drame hardi : " Il n'y a pas de monstres, il n'y a que des actes monstrueux, et c'est pire. " Audace de l'homme supérieur devant son crime, détresse de la femme qui sait moins bien dissocier l'homme et l'action, c'est là qu'il faut chercher l'intérêt du Redoutable. Le problème est beau ; il ne lui a manqué que d'être traité dans toute son ampleur. '

��• Le texte du Redoutable vient d'être publié par Comaedia (19 février). L'auteur semble n'jr avoir apporté que peu de changements et cependant, i la lecture, combien son drame paraît plus riche !

�� �