PASIPHAÉ 533
tu peux étendre sur la vie
le voile royal ou tu t'es drapée
et t* exalter à voir, tout au travers,
le jeu transfiguré des choses basses;
prends d"" autres motifs à ta joie farouche :
un geste humain quon magnifie
n^est jamais à la mesure de nos rêves ;
vois ce vaste horizon que peuple à peine
la multiplicité des dieux, la plaine
que broute un bétail innombrable que Nombre double ;
épouse r infini des pâturages :
élargis ton désir démesuré,
accorde sans effort ton trouble surhumain
aux palpitations charnelles du couchant,
et, comme Phoïbos, ton pire,
se fragmentant, embrasse Vempyrée..,
M' écoutes-tu, Pasiphaé?...
PASIPHAÉ
d'une voix sourde Non...
Tes paroles font un bruit de sable ; l'heure s'écoule au sablier de la parole, irréparable, vaine et folle ; y écoute le silence, face à face ; mon grand désir, entre mes dents serrées, plisse ma lèvre comme une herbe amire... un souffle chaud m'empourpre, un grand frisson me glace.. N'entends-tu pas ? est-ce la mer ?... ... Comme un Mugissement... emplit l'espace...
Francis Vielé-Griffin.
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