568 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
ANNE VERCORS. — La terre est libérée. La place est vide.
Toute la moisson est rentrée et les oiseaux du ciel
Picorent le grain perdu.
PIERRE DE CRAON. — L'été est fini, la saison suspend avertissement, le feuillage universel
Frémit sous le souffle de Septembre.
Le ciel est redevenu bleu, et tandis que les perdrix rappellent sous le couvert,
La buse plane dans l'air liquide.
JACQUES HURY. — Tout est à vous. Père! reprenez tout ce bien dont vous m'avez saisi.
ANNE VERCORS. — Non, Jacques, je n'ai plus rien et ceci n'est plus à moi. Qui est parti ne reviendra pas et ce qui est donné une fois ne peut être
Repris. Voici un Combernon, un Monsanvierge nouveaux.
PIERRE DE CRAON. — L'autre est mort. La montagne vierge est morte et la cicatrice à son flanc ne se rouvrira plus.
ANNE VERCORS. — Elle est morte. Ma
femme aussi
Est morte, ma fille est morte, la sainte Pucelle A été brûlée et jetée au vent, pas un de ses os
ne reste à la terre.
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