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LA FÊTE ARABE 65 I

ces voiles, ces bijoux, ces femmes balancées sur le dos des chameaux, c'est toujours le passage de la reine de Saba : de loin c'est magnifique, et de près c'est misérable.

Les bêtes s'étant agenouillées, les Naïliat en descen- dirent pour préparer le campement de la nuit. L'une d'elles, à ma vue, s'élança vers moi en criant : " O Doc- teur, comment vas-tu ? O Docteur, tu vas bien ? " Mais son visage était couvert d'une croûte épaisse de digOy sorte de pâte faite de terre et de confiture d'abricot dont les belles en voyage se barbouillent la figure contre le hâle et les gerçures. " Tu ne reconnais donc pas Riaga ? " demanda-t-elle ingénument. Et je me rappelai en effet avoir soigné au dispensaire une Naïlia de ce nom.

Elle arrivait de Ben Nezouh. Je l'invitai à partager ma tente, et la diga disparue, je lui trouvai le visage encore frais.

— Te souviens-tu de Zohira ? me dit-elle. Et déjà j'eus le cœur serré. Voici alors ce qu'elle m'apprit :

Il y avait à Ben Nezouh, dans le bataillon d'Afrique, un Joyeux à l'aspect très doux et aux manières très polies. Toutes les Naïliat l'adoraient. Il leur rendait mille services, il allait leur puiser de l'eau, les aidait à ranger leurs cases, à préparer leur cuisine, à recoudre leurs robes, et il fendait pour elles du bois. Elles le payaient en nature, mais comme il était délicat, il n'acceptait en plus que quelques tasses de café ou des bouteilles de bière.

Un soir, vers huit heures et demie, Aïchouch et sa mère s'occupaient à leur cuisine, quand il leur sembla entendre un soupir assez lugubre sortir de la chambre de Zohira. C'était jour de marché, la cour était remplie de

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