Aller au contenu

Page:NRF 7.djvu/678

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

672 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Admirable, quand il est vrai, quand il nie, quand il méprise, quand il déchire, quand il se plaint, quand il se peint, enfin quand il est lui- même. Si on lui ôtait ses Mémoires^ il n'en resterait rien. Mais les Mémoires^ sont une étonnante réussite. C'est la beauté de René, qu'il lui arrive d'écrire comme Chateaubriand. Il a inventé la grande phrase de la prose poétique, avec ses résonances d'émotion et ses échos pour tous les sens ; la période pleine d'images et de parfums, où les objets de la nature ont trouvé le modelé et la ligne ; où les pensées, rendues sensibles, ont, comme des formes vivantes, leur nombre, leur harmonie et leur couleur.

��Chateaubriand est impuissant à rien aimer. Voilà le désert de René, et sa soif incurable. C'est le même homme que Benjamin Constant, la raison en moins. Mais que d'imagination 1 tous les rêves du mirage.

Chateaubriand, pauvre de cœur. Il veut toute la vie, et n'en peut rien faire. Il veut ce qu'il n'a pas, et ne fait rien de ce qu'il a.

11 lui faut avoir beaucoup de dettes, pour prendre plaisir à les avoir faites. Et surtout, pour se vanter d'être sans argent. Il emprunte de toutes mains, et souvent sans délicatesse. Moins généreux

�� �