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CHRONIQUE DE CAERDAL 673

que prodigue. 11 n'agit, il n'écrit que pour les autres, et ne vit que pour soi.

Son amour pour sa sœur et sa passion de l'hon- neur. Chateaubriand n'a pas de sentiments plus sincères.

L'orgueil, fondement de l'honneur. Toute la race a eu de l'honneur. Elle a bien fait son service. Ainsi l'honneur est à servir. Les vieilles mœurs, fondées sur le service, sont nourries par l'instinct de la gloire. Et cet instinct a l'orgueil pour racine. Il s'agit de valoir et de prévaloir : aux yeux de tous, aux yeux du roi et de la ville, et plus pro- fondément à ses propres yeux, à soi. Hors le ser- vice, tendre vers une image sublime de soi-même, ou quelque idée d'un triomphe qui vaut la peine de vivre. Tout pour la gloire. Mais peut-être la gloire est-elle une corruption de l'incorruptible honneur.

Il est certain que Chateaubriand n'avait pas le cœur assez humble pour servir dans les petits emplois. Mais il est fort possible qu'il eût été digne des grandes charges. Chateaubriand n'est pas un aventurier en politique. Il aime la gloire de la France partout où elle est. Il discerne les intérêts de la nation et ceux de la monarchie. Le souci de la gloire pouvait mettre un frein aux ruades im- patientes de cette imagination. Ses vues étaient grandes ; même en ce qu'elles ont de chimérique.

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