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Page:NRF 7.djvu/71

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LE RAIL 65

L'inspecteur soulagea l'indignation générale :

— Alors, vous marchez les yeux fermés, en faisant confiance aux signaux... Mais vous êtes fou !

Il souhaitait que Becquaêrt fût mort sous sa 3.609» pour éviter à la Traction la honte d'un agent de première classe, affirmateur de pareilles choses devant le Contrôle. Il fut rassuré par l'animation de ces messieurs. M. Flavi- gny rouge d'une irritation véritable, haussait la voix :

— On n'a jamais vu ça !

M. Griaux cherchait le moyen d'annuler les paroles graves :

— Becquaêrt, si vous ne vous sentez pas en état de répondre et que vous n'ayez pas votre tête, allez vous coucher. Nous reprendrons l'enquête plus tard.

Le mécanicien n'acceptait pas :

— Non. J'ai ma tête. Et j'aime mieux en finir tout de suite. Je ne veux pas qu'on me mette tout ça sur le dos.

Comme sublimisé par le contact récent de la Mort, son esprit voulait la droiture et son corps soufirant fuyait la fatigue de mentir. La vérité le reposait. Sa conscience hautaine donnait de la clarté à son esprit et de l'énergie à sa parole. Il posait à son tour des questions redoutables :

— Comment vouliez-vous que je fasse ? Je ne pouvais pas arrêter mon train pour remettre mon niveau d'eau. J'avais demandé à ne pas partir avec cette machine-là. Elle claque à tous moments. La veille on m'a fait des répara- tions à la va-vite pendant mon repos et le chef de Paris m'a dit : ** Allez jusqu'à votre dépôt. On revisera votre machine là-bas. C'est pas pour quelques gouttes qui tom- bent dans le foyer qu'on va l'immobiliser ici. "

M. Griaux commandait :

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