Page:NRF 7.djvu/726

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

720 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pire ivresse, un raffinement, une nouveauté, une curiosité qui ne diminuent pas sa puissance. Sans cesse une harmonie impré- vue, un timbre singulier soulignent la carrure de la phrase rythmique ; sans cesse la construction échappe aux formules banales de la musique religieuse, par une hardiesse soudaine dans la disposition générale des éléments. Et l'ensemble apparaît comme tout d'une venue : la traduction adéquate d'un poème biblique et joyeux. La belle, la saine, la curieuse et franche frénésie !.. Et ce ne sera pas la moindre importance de ce Psaume que d'avoir prouvé qu'entre l'impressionnisme exquis et décevant et la tradition de la grande variation polyphonique, les deux théories exclusives, apparemment antagonistes, qui séparent nos musiciens, la plus féconde union est possible ; qu'une œuvre solidement établie, déduite, développée selon les principes, peut emprunter la langue la plus neuve et la plus hardie, la langue qu'inventa notre temps, que notre temps n'a pas le droit de rejeter, car elle est la preuve de sa vie. M. Florent Schmitt a longtemps semblé osciller entre les deux doctrines ; avec le Psaume, avec le Quintette sa position est bonne, à mi- distance de l'une et de l'autre, sagement. Ni dans l'une, ni dans l'autre exclusivement, il ne saurait développer à la fois et sa singularité et sa force.

H. G.

�� �