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JEAN MORÉAS 737

être le chant immémorial de l'Hellade, le chant tragique de la Destinée.

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��La solution chrétienne est sublime, mais c'est du sublime d'une folie. Qui l'embrasse aussitôt s'efFace devant plus grand que soi, aliène sa per- sonnalité, en délègue à Dieu l'administration. La folie de la croix, disent-ils eux-mêmes... Et que la Sainteté soit une cime, qui le conteste ? Mais que pour y atteindre il faille se renoncer, que par con- séquent la Sainteté laisse en dehors de soi nombre d'authentiques valeurs humaines, voilà qui explique et qui justifie qu'elle demeure et doive demeurer un idéal proprement excentrique. Plus central, en ce sens qu'il peut intégrer la plupart d«s valeurs essentielles ; plus humain, en ce sens que l'homme y peut prétendre sans faire appel à d'autres ressources qu'aux siennes propres, est l'idéal héroïque tel qu'il a reçu des Grecs sa for- mule éternelle. La chair et le sang n'en sont point exclus, mais ils y sont surmontés. La maîtrise de soi, telle était la vertu cardinale pour ce Socrate dont on nous dit que son visage faisait voir tout ensemble qu'il avait connu toutes les passions et qu'il les avait vaincues. Le Stoïcisme, ce protes- tantisme de l'antiquité, a pu, dépassant la mesure, proscrire la passion : l'Hellénisme de la bonne

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