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d'aDDIS-ABEBA a DJIBOUTI 765

les plis de l'averse, la pierre sèche et nue est à présent d'un bleu mat. A dix pas du campement, une grande toucoule au milieu d'une zériba, c'est la maison où s'arrê- tait Ménélik du temps qu'il voyageait ; deux chiens pelés dorment, étendus sur le seuil désert. — Chaleur immo- bile, accablante : tout y est engourdi. Pas un bruit, pas un chant. Entre les buissons d'épines, de gros lézards verts circulent sans bruit, la queue traînante, s'arrêtent brusquement, puis d'un mouvement agile, se jettent de côté et disparaissent...

Vers 3 heures, je gagne le plateau qui s'élève au-dessus de nous. Il est nu et jaune ; des touffes d'acacias nains, de maigres daturas dont les pommes desséchées s'entre-bâil- lent, n'en rompent point la sableuse aridité. Au milieu, un abreuvoir que des haies d'épines et une porte encastrée dans un mur de terre défendent jalousement. Par une fente du battant, on aperçoit le miroir uni de l'eau ; les abords de la mare sont creusés par le piétinement des trou- peaux. Sur le faîte du mur, à l'ombre des feuillages, de minuscules oiseaux noirs et rouges sont alignés en bro- chette ; parfois, l'un d'eux se laisse glisser jusqu'à terre et s'avance dans l'eau pour boire. — Au bout de la plaine jonchée de pierres qui sont chaudes sous les pieds, le plateau s'arrête brusquement, comme cassé net. GouiFre brûlant et spacieux qu'emplit la lumière la plus éclatante, la plus dorée. Quel désert se développe à nos yeux ! Du haut du plateau, nous dominons une ample vallée boisée. Les arbres énormes qui la garnissent, espèces de ficus aux larges troncs tordus, ne se touchent point ; ils aissent voir entre leurs cimes espacées le sol rougeâtre

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