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824. LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pendant trois cent soixante-cinq jours de l'année.

Juliette regardait, étonnée de ne voir sur le banc que Nolot.

François entra tout de suite. M™* Nolot sortit de la pièce du fond qui servait de cuisine. Grande et mince, elle avait dû être très bien il y a dix ans ; elle en gardait de beaux restes. Mais ce n'était pas elle que cherchait François.

— Et Léontine ? demanda-t-il. Elle n'est pas là?

— Non, dit M""^ Nolot. Voyant que vous n'arriviez pas, elle est partie avec son frère et la Marguerite Garnier. Ils ont dû aller du côté de l'Etang du Goulot.

François n'en demanda pas davantage. 11 s'en alla sans rien dire. Juliette et sa mère entrèrent alors. Elles s'em- brassèrent, comme si elles étaient restées des années sans se voir. Elles s'assirent, comme si elles avaient été bien fatiguées. Puis ils partirent se promener, parce que c'était dimanche. Nolot n'eut qu'à prendre son paletot et sa casquette.

Gallois qui avait quelquefois le mot pour rire dit :

— C'est comme quand les canards s'en vont aux champs : les canes sont par devant et les canards par derrière.

Les femmes, en effet, marchaient les premières, Juliette un peu à l'écart. Son ombrelle ouverte, elle fermait à demi les paupières à cause de l'insupportable éclat du soleil. Elle marchait un peu en avant, comme si elle avait eu hâte d'arriver à l'Etang du Goulot. Les promeneurs l'envelop- paient d'un regard. Elle ne rêvait pas, aujourd'hui, de s'étendre dans le pré sur l'herbe fraîche, à l'ombre des arbres : elle aurait pu tacher sa robe. Le dimanche lui

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