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JULIETTE LA JOLIE 825

apportait d'autres désirs. Il suffisait qu*elle fût en toilette pour qu'en son âme de jolie fille se réveillât la nostalgie de plaisirs toujours plus attirants d'être inconnus. Au saut du lit elle s'était sentie pénétrée de joie. Maintenant, comme une âpre mélancolie l'envahissait. Le dimanche plus que tout autre jour, et surtout l'après-midi d'un dimanche d'été, ses rêves s'en allaient vers des pays de féerie où fleurissent des chansons comme elle savait que l'on en soupire dans les cabarets de Montmartre :

Sur la pointe des fleurs courant

Voici ta marraine^ la Muse

Qui t'apporte un amoureux chant

Pour jouer sur ta cornemuse^

Et pour sceptre un grand lys d* argent

De la Fontaine de Vaucluse.

Ils arrivèrent sur la chaussée, Juliette la première. Le bleu de l'étang, la verdure des roseaux, des joncs et de quelques arbustes qui poussaient au bord des prés voisins, les racines dans l'eau, le large ciel, formaient un tableau charmant, mais si familier qu'ils n'y prenaient point garde. Elle vit tout de suite, assis à l'ombre d'une haie, près du déversoir, Léontine et François, Marguerite et Paul Nolot. Elle pâlit un peu. Paul ne manquait pas de confiance en lui-même, mais il ne put s'empêcher de rougir. Il se leva. Vint au-devant d'elle.

— J'ai cru, dit-il, que vous n'alliez venir ni les uns ni les autres. Alors nous sommes partis, ma sœur, Marguerite et moi. Elles s'embêtaient à la maison. Il a bien fallu que je les accompagne.

C'était un grand garçon, yeux bruns, cheveux frisés.

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