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CHRONIQUE DE CAERDAL 837

arrive pour les moindres jouissances, où la chair est complice.

Pour peu qu'ils aient assez de force et de sensibilité qu'ils aient aussi du style, ces hommes là se sentent une manière de génie. Et rien ne leur est plus propre que de prendre un peu en pitié le génie même, la puissance qui brûle en créant, qui ne jouit pas d'elle même, et comme la flamme, plus elle se dresse en lumière, plus elle est étroite en son élan. Et, disent-ils, quelle flamme monte toujours :

En vérité, ils ont plus d'esprit que les autres, plus de vue, plus de loisir ; enfin, plus de liberté. Ils vivent pour connaître ; et sans prétendre à s'élever par dessus les montagnes, ils sont hommes du plus vaste horizon.

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��J'en ai pratiqué plusieurs, depuis le temps où j'étais devin, bien avant la guerre de Troie. Plus d'un aurait pu me dire, lui aussi, en souriant : " Je ne suis pas assez bête pour faire un poète lyrique. Je ne suis pas assez sot pour être un philosophe à système. Je ne suis pas assez fou pour prétendre à la vie héroïque ; et je ne m'a- baisserai pas jusqu'à être un saint. Est-il un seul de vos héros, qui ait jamais ouvert les yeux sur ses voisins ? En est il un, qui soit capable de

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