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Page:NRF 7.djvu/849

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CHRONIQUE DE CAERDAL 843

retrouver quand il lui plaît. C'est une source où il ne boit pas tous les jours, à fin de ne point la tarir, et quand il faut, d'y trouver à boire. Cependant, on cède toujours à l'inclination la plus constante, qui est la naturelle. Chacun se laisse séduire à ce qui le séduit, en effet, de plus près. La curiosité universelle de l'esprit finit par avoir raison du poète, dans Goethe, et se mêle toujours davantage à la poésie : c'est sa pente.

Cette séduction est du même ordre, pour l'esprit, que l'attrait de la volupté, dans la vie charnelle. Je reconnais la même tentation, à deux moments de l'équilibre vivant, à deux âges de l'homme. Ah, beauté égoïste.

Dans les temps de décadence, puisqu'on dit qu'il en est, où ils peuvent seulement se produire, les grands esprits à horizons changeants semblent supérieurs aux artistes de génie, et au regret même d'être sans génie. Ils en parlent avec une sorte de condescendance ironique, à peu près comme les hommes recrus d'expérience parlent des aventuriers et des enfants. Leur ardeur intellectuelle, qui est sans limites et sans contre-temps, se préfère au feu concentré d'une passion unique. Elle ne leur fait pas peur ; ils l'admirent en autrui ; bien mieux, ils s'en amusent ; mais pour eux-mêmes, elle est hors d'usage ; ils y trouvent bien de l'ennui. La passion est trop continue ; et le sublime est monotone. A tous ces mystiques, à ces forcenés

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