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Page:NRF 7.djvu/86

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80 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et Tamour que j'ai pour ma douce Elisabeth aux cheveux noirs est grand.

LA MERE. — Mes cheveux sont gris !

ANNE VERCORS. — Dis oui, Elisabeth...

LA MERE. — Anne, tu ne m'as pas quitté pendant ces trente années. Qu'est-ce que je vais devenir sans mon chef et mon compagnon ?

ANNE VERCORS. — ...Le oui qui nous sépare, à cette heure, bien bas.

Aussi plein que celui qui nous a faits jadis un

seul.

(Silence)

LA MERE, tout bas. — Oui, Anne.

ANNE VERCORS. — Patience, Zabillet ! Bientôt je serai revenu.

Ne peux-tu avoir foi en moi un peu de temps, sans que je sois ici ?

Bientôt vient une autre séparation.

— Allons, mets-moi le repas de deux jours dans un sac. Il faut partir.

LA MÈRE. — Eh quoi ! aujourd'hui, aujour- d'hui même ?

ANNE VERCORS. — Aujourd'hui même.

(Elle penche la tête et demeure immo- bile. Il la serre dans ses bras sans qu^ elle fasse un mouvement) Adieu, Elisabeth !

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