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REVUES 913

de ceux qui achètent et vendent la renommée. Le silence lui répondit. Pendant longtemps les grandes revues françaises ignorèrent complètement l'existence de Jean Christophe ; et pourtant Jean Christophe sera un jour, j'en suis persuadé, con- sidéré comme l'un des livres hors pair de notre époque.

En dépit de la conspiration du silence, il a lentement et sûrement fait son chemin. A mesure que M. Romain Rolland progresse dans sa grande entreprise, il se sent entouré par un cercle toujours grandissant de sj-mpathie. Ses premiers et ses plus chauds admirateurs, en dehors du groupe fidèle des sous- cripteurs aux Cahiers de la Quinzaine, ont été soit des anglais, soit des suisses de langue française. Il a connu la sensation stimulante de trouver une famille spirituelle ; à ceux qui la composent il donne beaucoup du meilleur de lui-même et de ses pensées, recevant d'eux en retour des dons pareils. Il m'a souvent dit que ces amis inconnus, dispersés par le monde, lui avaient donné le courage de poursuivre son dessein alors que le succès paraissait impossible... "

��The English Revieto, dans son numéro d'Avril, donne le cinquième article d'une série intitulée Among my Books (Parmi mes livres) par Frédéric Harrison. C'est du drame et de la tragédie que s'occupe cette fois M. Harrison ; et plusieurs de ses opinions valent d'être signalées.

Sur Shakespeare, il écrit :

" Bien qu'il fût le plus grand de tous les poètes, je ne suis pas du tout convaincu qu'il ait laissé la plus grande de toutes les tragédies, ni la plus grande de toutes les comédies. Pour la pure tragédie sous sa forme la plus haute, c'est à Eschyle que je donne la suprématie. Et c'est à Aristophane que je l'accorde, pour la comédie éternelle, dans son humanité la plus profonde. Il est vrai qu'il y a plus de poésie, plus d'acuité psychologique, plus de sagesse mystérieuse dans Hamlet, ou dans Lear, même

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