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âme si neuve à toutes les misères de l’homme, qu’elle s’en étonne encore plus qu’elle ne s’indigne, Rousseau tient sa folie de Genève, et de Calvin ses vices et sa fourbe. Il faudrait pourtant s’accorder avec soi-même, et savoir si Calvin est un Pétrone de l’enfer, un Giton, une courtisane secrète, un suppôt de morale ou un héros de tous péchés.


Jean-Jacques ne ment pas. Même dans le mensonge, c’est la vérité qu’il veut dire ; c’est elle qu’il préfère, elle qu’il cherche avec folie. Il croit à la vérité, comme un enfant : sa vérité, non pas la vôtre. Et je ne comparerai pas l’une à l’autre, même pour rire. Je vais jusque là : même s’il ment, c’est la vérité qu’il veut servir. Vous, la plupart, même quand vous dites vrai, vous servez votre mensonge, le principe de négation qui est en vous, et que vous répandez si cruellement sur les autres. Le mensonge, mes bons Seigneurs, c’est de n’être pas. Il est, lui, ce Rousseau, ce pauvre homme, ce Jean-Jacques, Jacques comme Bonhomme, et Jean comme le tendre disciple. Il est. Et vous, point. Jamais, vous ne serez ; jamais, vous ne fûtes.

Il vit, lui, le chemineau, le vagabond, le métèque. Il a quelque grande parole à dire, qu’un peuple lui demande, puisqu’un peuple l’écoute. Il a quelque secret à donner, qui vous ruinera, et qui