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Page:NRF 7.djvu/946

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gâtez le métier ; vous êtes un impudent. Vous manquez d’honneur. Il n’y a d’honneur, entendez-vous, qu’à une pension sur la cassette ; ou à la grosse dot ; ou à l’héritage. Et il convient d’être né, d’abord, pour penser et pour écrire. Apprenez les bonnes manières, l’avarice honorable et la chaste intrigue. Sachez enfin, sur l’aveu même des auteurs, que la plus digne fortune leur vient du mariage, ou en rampant. Mariez-vous, mon ami, et rampez. Rampez, ou mariez-vous.


Allons, croyons en ceux qui le diffament ; et prenons Rousseau avec ses crimes. Je le prends avec ses péchés, et je vous laisse avec vos vertus.

Il méprise l’argent. Il ne fait rien par intérêt. Il est pauvre et doux, sobre et patient. Il travaille, ce vieux. Il fait le mieux qu’il peut, tout ce qu’il fait. Il soigne son écriture ; il copie de la musique, à dix sous la page, et ses copies sont de la plus belle main : il sourit à ses rondes bien pleines, et à ses croches bien aiguës, avec puérilité. Ce malade gagne son pain.

Plus il souffre, plus il devient indulgent. Plus il s’imagine menacé par la conspiration de ses ennemis, plus il se résigne. Sans doute, ils ne conspiraient pas ; mais ils l’aimaient peu : façon de conspirer propre aux amis.

Il fait la charité, fort au delà de ses moyens. Il est aumônier de son cœur et de ses larmes, autant