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Page:NRF 7.djvu/949

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Heureux ceux qui ont accordé leurs actes et leur doctrine. Mais ils n’y sont pour rien, selon moi. Heureux ceux qui ne se contredirent pas : c’est que la fortune ne les a pas contredits. Qu’on admire leur bonheur, qu’on adore leur succès, si on l’envie : Qu’on ne leur en fasse pas une vertu, ni un si beau mérite.

D’un pauvre petit garçon, à l’œil vif, gamin qui polissonne dans les rues de Genève, tirer fibre par fibre, au dévidoir d’un demi-siècle de souffrances, le grand cœur des Confessions, voilà ce qu’il convient d’admirer, au lieu de reprendre le petit garçon sur le ruban volé, et l’homme sur les enfants de Thérèse. Généreux Jean-Jacques qui, lui seul, a fourni ses ennemis des pires armes qu’ils tournent contre sa poitrine, pour l’en assassiner.

Jean-Jacques, faible en tout, est un héros de souffrance. Tous les poisons de la vie n’ont pu l’empoisonner. Il souffre de tout son cœur. Il aime et ne hait pas. Et il a du génie. Pour moi, c’est assez.

Presque morts, disais-je, ou presque vivants : la plupart ne sont rien de plus, selon le biais où on les prend. Mais lui, Jean-Jacques, il a vécu, et il vit, avec ses fautes et son délire, avec sa bonté et sa magie, immortellement. Il a tant souffert, qu’il est quitte. Elles sont là, ces Confessions, qui font de la lumière avec la fange même ; qui respirent un tel air de santé, jusque dans les hontes