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lOOO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chande que docte, moins docte que passionnée dans l'esprit. Vous voyez dressés sur le fleuve, le même fleuve si rude à travers Pise, les mêmes murs dorés, mais que la cuisson du soleil n'a pas desséchés et durcis. Le Ponte- Vecchio porte toute une rue bâtie et il fait autant confiance à la robus- tesse de ses étais qu'à la modération d'un flot qu'il sait apprivoisé.. Les trois arches du pont de San Trinita, si charmant, se courbent avec la souplesse du jonc qui sera l'anse d'une corbeille. Un bateau glisse.. Le quai s'anime de passants.. Il flotte une vapeur heureuse.. Non, sous cette lumière légère, l'art ne peut pas être exilé, reclus dans quelque coin, mis sous séquestre. On le sent diffusé dans l'air.

Mais justement, ce trop prenant parfum vous trouble jusqu'à la défiance. Vous le chassez... Vous ne subirez pas si tôt une ivresse qui désarme le jugement. Vous oubliez déjà le but pri- mitif de votre voyage. N'êtes-vous venu de si loin que pour respirer le lis de Toscane . Non pas. Il faut voir et toucher de près, quitte à s'abandonner plus tard.

Comme vous sortez d'un pied ferme ! Quel malin plaisir, tout-à-coup, à vous sentir exaspéré par la façade en "jeu de dames " de Sainte Marie des Fleurs, dont le nom ouvrait un jardin dans vos rêveries ! à vous montrer injuste, par horreur

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