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Page:NRF 8.djvu/1023

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l'épreuve de FLORENCE IOI5

la vie ; ici le mot d'ordre n'est pas extase et chacun a son rôle humain, c'est-à-dire personnel et passionné.

Allez 1 l'éclat des moyens compte peu pour le maître de l'harmonie. Même éteint, même absent l'or céleste donne le ton. Il répand une vibration merveilleuse qui fait écho à la symphonie dis- crète des teintes, au chant gratuit de l'arabesque, au cri désespéré du drame et qui transfigure les sons. Quand je dis : l'or — j'entends l'accord de l'esprit et du don, la perfection intérieure, un absolu inaltérable. Au mur du cloître comme au feuillet du livre, cela ne change pas : un seul but, un seul art, une seule main. Le geste du génie, pour être plus visible, n'est pas moins pur ici qu'il n'était là : ni pour avoir grandi, plus grand ; ni pour avoir pâli, moins splendide ; ni moins divin, pour s'être humanisé... Un geste entier et partout égal à lui-même, en pureté, en grandeur, en esprit..

Sous les bras de la Croix, le troupeau des saints se lamente. Ils ont compris la leçon de Giotto, ils ne songent qu'à leur douleur. Et celui-ci l'exprime à genoux les mains jointes, cet autre soutenant son front, celui-là effaçant un pleur, ceux-là debout dans la force croyante ; la Mère, comme une mère, sans consolation — et le dernier tourne le dos à tous les autres pour cacher son excès d'amour.

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