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Page:NRF 8.djvu/1042

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I034 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

on avait changé les têtes. Elles étaient toutes fraiches ; au coucher du soleil, de grosses mouches rouges avaient bourdonné autour ou bien s'étaient tassées sous les narines, dans les bouches, et au coin de chaque oeil. Mais mainte- nant, dans la nuit, tout le long du mur, montaient aux cages des geckos, de gros lézards rouges, le corps couvert de verrues émcraude. A mon pas ils s'arrêtaient, tournaient la tête, puis repartaient ; et ce haut mur tout blanc de lune était diapré de diamants furtifs et haché des longues ombres des geckos

Dans la nuit d'hier, devant la porte close de Fo-chi, des fossoyeurs, vêtus de toile blanche, se sont accroupis dans l'attente du salaire. — L'un d'eux — un gros, bouffi d'une mauvaise graisse jaune, les ongles blancs, le regard bigle — a fumé une pipe à eau qui chantonnait et d'où montait une vapeur à senteur de fleur de pêcher ; de temps en temps il a trempé des lèvres dans une tasse de thé, un thé si clair qu'on apercevait à l'intérieur de la tasse à peine creuse le bout des doigts du buveur, cinq petites taches brunes.

De chez Fo-Chi est venue une odeur de chien rôti à la broche.

Trois rôdeurs — bossus parce qu'ils portaient sous leurs salacos des têtes d'Européens — sont entrés chez le blanchisseur.

Ce matin, dans la cour du vieux Temple aux Lotus, les trois porteurs de têtes ont été amenés devant Hilaire. Le bourreau et son aide sont venus aussi. Le bourreau est un petit vieillard voûté, au visage

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