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Page:NRF 8.djvu/1049

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CHRONIQUE DE CAERDAL IO4I

dès qu'on est sorti de la mêlée. L'infâme y est beaucoup plus naturel, et l'odieux bien plus abon- dant. Où dépenser son esprit moins à propos ? Il paraît contrefait sitôt que les témoins ont cessé d'en être les complices : on admire ces grimaces, parce qu'on les fait.

J'en sais peu d'exemples plus tristes que les libelles de Paul Louis Courier. Ce fort honnête homme de capitaine en retraite passe pour un écrivain admirable. Sans doute, on l'admire plus qu'on ne le lit. Ou bien l'admire-t-on, pour n'avoir pas à le lire . Je le trouvai, gris et jaune, dans une auberge, au fond d'une campagne, où le couvre- feu sonne à huit heures. Il faisait grand vent, et les feuilles d'automne s'en allaient en tourbillons, avec cet air de folles qu'elles ont, et d'ossements qui volent. Je le lus à la chandelle ; et il me semblait tuer les heures avec un régent de philoso- phie libérale, devenu maître à danser, un Grotius ménétrier, qui mène le branle et qui brandit le crin-crin. C'est la liberté, qu'il ne se lasse pas de mener à l'autel, je le sais bien ; et j'honore de tout mon cœur une si belle épouse. Mais quelle noce sinistre, et quel grinçant cortège d'ombres. Est ce le vent d'automne sur les feuilles ? toutes ces petites phrases faisaient en sautant un sec cliquetis de squelette. Liberté, liberté ! Ha j'aurais mieux aimé passer la nuit avec une jeune fille de moindre renom.

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