Page:NRF 8.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I02 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Six Parisiens qui, ce matin, à huit heures dormaient encore, étaient installés à l'hôtel pour toute la saison. Les hommes portaient savates molles, pantalon blanc, veston plus mince que celui même de Cougny ; les femmes toutes jeunes étaient en peignoir. Ils se tutoyaient tous, ne pensaient qu'à rire. On eut vite lié connaissance. Ils avaient pour trois mois quitté Montmartre et leurs ateliers de peintres où ils faisaient plus de dessins que de peinture. Ici même ils ne partaient pas dès l'aube avec toile, chevalet et boîte à couleurs, pour s'installer devant un motif découvert la veille. Ils aimaient mieux faire la grasse matinée, et l'après-midi croquer les quelques paysans qui passaient ou entraient à l'hôtel offrir des " denrées ". N'importe : Juliette et Cougny étaient enchantés de voir des artistes. Marcelle et Ponceau connaissaient depuis longtemps ces gens-là pour les avoir coudoyés dans les cabarets artistiques mélangés à ces chansonniers, râpés et coiffés de feutres pointus, qui chantent des rengaines sentimentales ou récitent un sonnet d'amour d'une voix molle et sourde. Mais eux aussi, pour les connaître, ne les en admiraient que davantage. Juliette se souvenait de ces vers qui lui étaient revenus à la mémoire le Dimanche où elle allait, en famille, retrouver le Paul :

Sur la pointe des fleurs courant ^ Voici ta marraine, la Muse,

Qui t'apporte un amoureux chant Four jouer sur ta cornemuse. Et pour sceptre un grand lys d* argent De la fontaine de Faucluse.

Cougny pensait à des noces telles qu'on lui avait dit

�� �