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Page:NRF 8.djvu/1110

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I I02 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et voici la philosophie d'un de ces hommes simples : " Il avait fol en Dieu, comme à la terre que Dieu nous a donnée pour servante...

" Il croyait à la Volonté Souveraine, autant qu'à la lumière du soleil. Il y croyait parce qu'il ne pouvait pas plus s'imaginer le monde sans maître qu'un champ sans laboureur ou possesseur, ni que les êtres qui naissent et meurent puissent recevoir la vie d'aucun autre que de Celui qui vit éternellement...

" On lui avait dit que les étoiles sont des mondes qui vont comme le nôtre dans l'espace et il ne pouvait point le concevoir. On lui avait dit qu'elles sont des âmes, bienheureuses d'après quelques uns, dans l'attente suivant d'autres, ou d'après d'autres encore, les cierges de ces âmes en exil... Et tout cela paraissait bien plus croyable. Car les âmes, on sait ce qu'elles sont, puisque chacun de nous a son âme, qui lui est familière, bonne ou méchante, et qu'il faut prier les âmes, ou prier pour elles. Et l'on volt aussi que ce monde est grand, tandis que les étoiles sont petites... Ce monde est plein d'esprits inconnus qui nous frôlent et qu'on ne volt pas, d'influences favorables ou maléfiques... Il y a des hommes qui ont de grands pouvoirs. Certains possèdent des livres et grimoires où ils lisent tout ce qu'ils veulent savoir, ce qui est hors de la vue ou caché dans les cœurs, dans le temps passé ou à venir... Suivant la conjonc- ture et l'Intention, les paroles et les souhaits deviennent des remèdes ou des poisons... Les eaux de quelques fontaines des bois sont plus salutaires que des médecines... Chaque plante, chaque herbe a sa vertu... "

Est-il besoin de souligner combien dans sa grave simplicité ce style est adéquat aux sentiments et aux pensées qu'il exprime ? Mais d'autre part, tout cela est-il bien nouveau, après Pouvillon, Le Roy, Bonnet et Gulllaumin ?

C.V.

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