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I I06 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Cette lettre ne parvint jamais à son adresse ; mais, il faut remercier M. de Blay de Gaïx de l'avoir publiée à côté de bien d'autres fragments délicats ; ces pages candides nous reportent très bien vers l'époque désuète où le prestige de Chateaubriand exerçait ailleurs que sur mesdames Récamier, de Custine ou la jolie Beaumont, une vraie domination.

M"® de Gaïx, qui était de quelques années l'aînée de l'auteur du Journal et vécut jusqu'en 1847, précéda Eugénie de Guérin de quelques mois seulement dans la tombe ; jusqu'au bout elle se sacrifia, comme une vraie sainte, à son père et ses sœurs, à son oncle M. le Chevalier. Rien de plus édifiant mais aussi rien de plus expressif de l'existence douce, lointaine et pure de ces jeunes filles anciennes coiffées à l'anglaise, vêtues d'écharpes et parées d'une petite croix d'or dont Francis Jammes, jadis, dans d'exquis romans, poétisa si bien le charme mièvre et la langueur.

E. P.

��LE MOLIÈRE DU XX« SIÈCLE : BERNARD SHAW,

par Augustin Hamon (Figuière, 3 fr. 50).

" Jamais, je crois, votre œuvre dramatique n'a été analysée avec autant de précision qu'elle ne le fut par moi, au point de vue de sa technique, de ses caractères et de ses idées. Et pourtant déjà des volumes ont paru sur vous et votre œuvre géniale..." Tel est le ton de la lettre préface qui ouvre le volume de M. Augustin Hamon, le traducteur, l'imprésario et le thuriféraire auquel Bernard Shaw a confié le sort de son théâtre en France. C'est le châtiment du dramaturge anglais que de voir son bluff platement contrefait par un imitateur sans envergure. Tout est bon pour Bernard Shav/ s'il s'agit de faire parler de lui, son végétarianisme, ses chemises molles ; tout est occasion à M. Hamon — fût-ce sa modestie — de parler longuement de lui-même. " Je n'avais écrit que des opuscules d'hygiène, de sociologie et de psychologie collective... Si la

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