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IIl6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

le temps que soit leur expérience, elle a ses limites et ne peut au moment nécessaire se raviver que par des contacts avec une sensibi- lité, avec une intelligence très différentes et qui l'étonnent et qui la surexcitent. C'est Corneille découvrant le drame espagnol, Voltaire découvrant les Anglais, Lamartine découvrant Byron, Renan découvrant qu'il y a une vérité historique. Le mécanisme est tou- jours le même, qu'il s'agisse d'un individu ou d'un groupe. Il arrive même ceci qu'un courant d'idées qui avait perdu presque toute sa force la récupère en passant d'un individu à un autre, d'un groupe à un autre : le drame espagnol était mourant quand il féconda le génie de Corneille ; l'antiquité semblait morte ou à jamais travestie quand le groupe des traducteurs du seizième siècle la suscita à la vie et lui conféra une si forte influence qu'elle devait pendant trois siècles se substituer à celle de la civilisation française, jusqu'à l'heure où le romantisme acheva d'en briser le courant désorganisé. **

��Dans un article de I'Impartial de l'Est (17 octobre 191 2), intitulé Claudel le Lorrain, M. Charles-Léon Bernardin prend plaisir à démontrer que Paul Claudel est issu du " milieu vos- gien ", et donne sur les ancêtres du poète les renseignements que voici :

" ... Paul Claudel fait résonner par le monde un nom familier à toute la région de la Bresse. Une longue descendance de laboureurs vosgiens aboutit au chant d'amour de V Annonce faite à Marie.

Cette région de la Bresse, à la frontière de la Lorraine et de l'Alsace, au pied du Hoheneck, avec ses hameaux innombrables perdus dans les vallons et les prés verts, nous est toujours apparue marquée pour les grands destins. Le lac des Corbeaux a fait sentir à telle âme vosgienne ses forces de terreur et de mystère, et lui a inspiré ses pages les plus pathétiques. C'est ici qu'en plein dix- huitième siècle incrédule, l'ordonnance d'un officier de la guerre de Sept ans vint exalter les vertus chrétiennes, qui à ce moment même pâlissaient au milieu de la nature efféminée des " ermitages " et des

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