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112 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Elle était trop vieille, et trop sale. Je ne l'ai point connue.

Mais il l'aime aujourd'hui. Il se reprend :

— Oui. Je crois que je ferai mieux d'emporter des pommes.

Le moment arriva des départs pour les collèges. A la grande gare, les mères s'affolaient au milieu des paquets qu'elles ne parviendraient jamais, leur semblait-il, à faire enregistrer. Les petits de douze ans qui s'en allaient pour la première fois se retenaient de fondre en larmes, et regardaient l'église lointaine dont les pierres blanches se détachaient sur le fond bleu-sombre des montagnes plus lointaines encore.

Le jour arriva du^ départ pour le Couisslan. Frébault et sa femme voulurent aller jusqu'à la ville voisine par la petite ligne d'intérêt local. C'était pourtant un tout autre dérangement que d'aller le soir chez le cousin Leclerc, mais aujourd'hui Frébault n'aurait pas pu rester à la maison. Il était neuf heures d'un matin d'Octobre. Le cousin Leclerc était un peu ému, malgré son habitude des voyages, chaque fois qu'il partait.

Le pauvre Louis regarda les maisons qui, des alentours de l'église haut bâtie, descendaient vers la place en un mélancolique désordre. Il reconnut la sienne d'où pas un filet de fumée ne montait : on avait recouvert de cendres le feu, avant de partir. Il reconnut la maison des Gallois. La cheminée fumait. A neuf heures du matin, Juliette était-elle levée ? M""^ Gallois devait préparer le café au lait. Il se sentit envahi par une grande détresse. Il pensa crier en tendant les bras vers Juliette. Elle s'était moquée de lui, l'avait laissé souffrir. Mais n'était-elle pas malheu-

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