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Page:NRF 8.djvu/121

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JULIETTE LA JOLIE II 5

faisait de la peine presque autant qu'à Frébault l'embar- quement de son Louis pour le Couisslan. Il parlait comme pour se convaincre lui-même.

On continuait à voir François régulièrement. Il n'ou- bliait point Léontine, mais il venait presque toujours seul. Les hommes se rencontraient au café, les femmes au marché, chez les commerçants. Mais Juliette, on aurait dit qu'elle était morte. Les Nolot leur disaient :

— Et Juliette, qu'est-ce que vous en faites donc qu'on ne la voit plus ?

Ils répondaient invariablement :

— Elle est chez Cougny, avec Marcelle. Le Paul avait envie de leur crier :

— Mais non. Elle est avec ce Parisien de malheur. Empêchez-la donc d'y aller, ou vous verrez ce qui arri- vera.

Gallois aurait répondu :

— De quoi est-ce que tu t'occupes ? Tu dois te marier avec elle, tout le monde le sait, et je ne demande pas mieux. Mais je n'ai pas l'habitude de contrarier ma Juliette. Qu'elle s'amuse comme elle l'entend.

M'"^ Gallois aurait été du même avis. Plusieurs fois, en ville ou sur la route, il les avait vus passer tous les quatre : Juliette et Marcelle, Ponceau et Cougny. Quand elle l'apercevait de loin, Juliette tournait la tête. Il serrait les poings. On lui disait :

— Eh bien, ta Juliette, elle t'a donc plaqué ?

Il ne savait que dire ; il n'avait plus le courage de faire le fanfaron.

Lorsque quelqu'un passait dans la rue, Léontine soule- vait le rideau de la fenêtre. Sans qu'elle eût entendu ni

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