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JULIETTE LA JOLIE II?

y^me Nolot apportait sur la table le bocal de prunes à l'eau-de-vie. Elle en offrit une à Marguerite qui la croqua gentiment. Le Paul la regardait. Elle ne lui déplaisait plus.

— Voici le deuxième coup des vêpres qui sonne ! dit Nolot. Cela signifiait qu'il était deux heures et demie. Juste à ce moment Léontine vit derrière les vitres de la porte la figure de François. Il entra endimanché suivant son habitude et rasé de fi-ais. Il dit :

— Aujourd'hui je vous amène de la compagnie. C'était Juliette qui le suivait.

— Eh bien, par exemple !... s'exclama M™* Nolot.

— Si l'on s'attendait à te voir aujourd'hui !... dit Léontine.

Ce bon François paraissait tout heureux. Il souriait,... sans s'occuper de Marguerite. Maintenant c'était Juliette que le Paul regardait. Elle, au contraire, n'avait plus son frais visage d'autrefois. Il se leva pour se rapprocher d'elle, pour la mieux voir. Ses mains tremblaient un peu. Elle avait des yeux durs.

— On dirait qu'il y a des années que je ne suis venue ici ! protesta-t-elle. Il y a peut-être tout juste six mois.

— Six mois, c'est long ! dit Paul. Qu'est-ce que tu as fait pendant tout ce temps-là r

— Je me suis promenée ! dit-elle en lui tournant le dos pour aller s'asseoir. Elle ne souriait pas.

Marguerite avait envie de pleurer. François était arrivé, mais elle ne répéta point :

— Est-ce qu'on va se promener encore aujourd'hui ? Il fait beau.

Non. Pour elle le soleil avait cessé de luire. Elle était

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