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JULIETTE LA JOLIE II9

réfléchir, pour pleurer peut-être. Mais le Paul ne la lâchait pas, et Léontine les suivait avec François.

Ils arrivèrent près de l'Etang du Goulot au poteau de fonte où la route bifurque. Elle se souvint. C'était par là, à gauche, qu'ils avaient passé, un matin d'Août, dans la voiture de Mathé. Elle se rappela le vieux avec sa brouette, sur les bords du lac.

Le Paul parlait de son départ, si proche, pour la caserne. Elle dit :

— Tiens r C'est vrai.

Elle n'y pensait plus. Elle l'avait oublié. Par instants elle retrouvait un peu de sa gaieté comme une naufragée pour qui, au gré de ses illusions, l'île du salut disparaît et réapparaît tour à tour. Sur la route il y avait beaucoup moins de monde qu'en été. Le vent balayait les feuilles mortes des petits marronniers. Léontine disait à François :

— Tu as bien fait de ramener Juliette, Mais tu ne trouves pas qu'elle n'a plus la même figure ?

Le bon François répondait par son refrain :

— Ma foi non. Ça ne signifie rien. Elle est si folle qu'il y a des jours où elle rit et des jours où elle pleure. Quand elle est fatiguée elle s'arrête. Mais par exemple pour pleurer elle se cache. Je l'ai vue deux ou trois fois. Je lui ai demandé : Qu'est-ce que tu as ? Elle s'est dépêchée de s'essuyer les yeux. Au fond ça ne m'éton- nerait pas qu'elle ait eu un béguin — la connaissant comme je la connais, — pour Ponceau qui est un brave garçon, mais ça n'a pas eu de suites, j'en suis sûr. On se voit un peu moins maintenant, à cause de Marcelle. Qu'est-ce qui lui a passé par la tête, à celle-là ? Je n'en sais rien. Mais nous ne sommes pas fâchés. Oh ! non.

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