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122 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Dimanches d'été, d'énervement et de désir. Ils entraient les uns chez les autres pour causer au coin du feu. Maraloup avait moins chaud dans les bois ; s'il allait toujours à l'auberge ce n'était plus pour tuer sa soif à coups de verres de vin, mais pour déguster une bonne absinthe, les coudes écartés sur la table en bois blanc. Justement il vient de partir. Il est rentré du bois un peu avant quatre heures. Il s'est rasé, il a pris ses sabots neufs, puisque tous les ans il s'en achète une paire pour l'hiver dans les pre- miers jours d'Octobre. Je lui ai dit : Tu ferais peut-être bien de me scier un peu de bois avant de t'en aller, parce qu'il ne m'en reste plus guère. Il ne m'a seulement pas répondu. Son Dimanche soir, il ne faut pas qu'on y touche. Et, ma foi ! s'il ne prend que deux absinthes, ça ira. Il est parti avec Thamareau, et, quand ils partent tous les deux, c'est rare qu'ils ne rentrent pas saouls comme l'âne de Mathé.

Ils traversèrent la place et entrèrent dans la grand'rue. Ils passèrent devant la boutique de M™* Durand. Il n'y avait plus de chapeaux de paille à la devanture, mais on y voyait en revanche beaucoup de casquettes et de bérets. M""*^ Durand avait le sens de l'actualité. Quant à M' Durand, lorsqu'il n'était pas dans le fond de la boutique, on le trouvait sur le seuil, assis, où il tenait le moins possible de place. Dès qu'elle les vit dans la grand* rue, cette bonne M"'*' Durand ne put y tenir. Il fallut qu'elle se levât de sa chaise, et qu'elle sortît pour les suivre du regard. Ainsi la Juliette des Gallois s'était " rapapillotée " avec le Paul des Nolot ? Elle ne put s'empêcher de le faire remarquer à M Durand. Mais il ne s'intéressait qu'à ses chapeaux et à ses casquettes.

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