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JULIETTE LA JOLIE I23

Il ne répondit rien. Alors M™' Durand se mit à converser avec elle-même. Allons ! Je ne m'étais pas trompée. Ça ne va plus avec le fameux Ponceau. D'ailleurs il ne va pas tarder à partir. C'est hier matin, en sortant de la boucherie, que la Frisée me le disait. Ça fait presque quatre mois pleins qu'il est ici. Ce n'est pas Cougny qui le chasse, quoiqu'il commence à en avoir assez, parce que tout de même il se rend compte que l'argent file vite. Il n'y a pas encore huit jours qu'il a porté à la banque, chez M'" Auribault, deux obligations de la Ville de Paris. Il avait beau rire. On voit bien qu'il n'est plus comme dans le temps. Quand il rit, c'est qu'il s'y force. Et sa Marcelle lui en fait voir de toutes les couleurs. C'est aussi la Frisée qui me le disait : M™* Du- rand, là-dedans ils brûlent la chandelle par les deux bouts. Et de toutes les façons, vous m'entendez bien. Cougny n'est plus qu'un squelette, et il boit, malgré l'attaque qu'il a eue, que c'en est une pitié. Moi, vous savez que je ne suis pas une de ces femmes qui regardent à deux sous. Le Frisé est comme Maraloup et d'autres : il faut se donner du bon temps sur la terre. Mais ça me fait mal au cœur de voir un pareil gaspillage. Pas plus tard que Vendredi ils ont encore jeté un bifteck de huit sous au chien de Thierry qui rôdait dans la cour. Et je ne suis pas une bégueule non plus, mais, d'entendre les horreurs qu'ils racontent, ça me fait dresser les cheveux sur la tête. Et puis, quand Cougny n'est pas là, il y a des choses que je vois et que je ne veux pas raconter.

Ce n'était que question de jours, car la Frisée peu à peu se départissait singulièrement de sa discrétion. On n'avait plus besoin de l'interroger sur ce qui se passait chez

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