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CHRONIQUE DE CAERDAL I4I

vant au petit fils de son roi, roi lui-même, Louis le Hutin, il l'appelle : " Chiers sire, " comme il ferait d'un ami. Et il lui dit : " Ne vous desplaise de ce que je, au premier parleir, ne vous ai appeley que bon signour ; quar auîremant ne Vai je fait à mes signours les autres roys qui ont estey devant vous, cuy Diex absoyle ï "

��Le livre de Joinville est si beau, qu'on n'y compare aucun autre. C'est l'idylle de l'honneur avec la sainteté, et de la chevalerie avec le roi : on ne sait quoi de mitoyen entre l'Evangile et Héro- dote, entre les dits de Jeanne d'Arc et les portails de Chartres.

Il est plein de deux hommes admirables, le Roi et le Chevalier. Si nourri de cœur français, qu'il est de ces œuvres capitales par où une nation se révèle, et qui pourraient suffire à la bien faire aimer.

Le ton de ces Mémoires est digne de Notre- Dame en Vallage, et du ciel qui sourit aux bords de la Marne. S'il y avait une cour céleste, et qu'un Père du monde fût là, dans son château de Vin- cennes, et dans sa chaire royale à causer avec ses enfants, les meilleurs et les plus fidèles ne sauraient parler autrement à leur Père et Seigneur que le bon Sénéchal avec son Roi. Le ton le plus libre et le plus tendre, autant de respect que de franchise ;

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