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l66 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'Ardenne qui aime la marche et la chasse et qui reste gauche dans la douceur. Voilà le charme de sa poésie. Le reproche de prosaïsme, comment ne le lui ferait-on pas ? Elle est ici la rançon nécessaire d'une savoureuse robustesse. Mais du moins si le mot n'est point toujours lyrique et musical, il est toujours juste et plastique.

Sur le chemin de Saint Hubert Où r on peut voir dans la bruyère Brouter quatre cents chèvres,

Les myrtillères Venant de VOurthe et de Freyer Ont du jus sur les lèvres Et des fruits violets écrasés dans leurs rires.

Sous le soleil ardent Elles ont ratissé la terre avec leurs dents.

Et parmi P herbe et les fenasses Où crèvera plus tard la coque des châtaignes, La terre, elles en ont démêlé la tignasse Avec leurs peignes.

Leurs paniers noirs et leurs seaux bleus Sont si pesants de graines rondes Que les filles blondes. Le col ouvert. Pour en porter un sont a deux Sur le chemin de Saint-Hubert.

On voit que l'appui fixe de la rime ne gêne point ici une certaine variété rhythmique. Au fait, je ne trouverais pas dans le livre deux pièces rhythmées de la même façon. Que le poète chante les papillons d'une vieille boîte à cigares, " les

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