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LE THEATRE 173

vivant, poursuit sa femme jusque dans le lit du cheik qu'il égorge, cette aventure habilement amplifiée, offrait aux acteurs tout ce qu'ils pouvaient souhaiter d'événements voyants, de mouvements, d'effets comiques et de terreur. C'est surtout dans les parties dramatiques qu'ils se sont montrés supérieurs par le choix très sûr du geste expressif.

Point d'ennui, bien que la pièce, écrite pour un théâtre à scène tournante, fût ralentie par l'insuffisante machinerie du Vaudeville. Pourtant, comment exprimer le malaise qu'on éprouve ? On se méfie ; une telle entreprise sent trop la gageure. Durant la pantomime, pas plus qu'au cinématographe, le public ne supporte le silence. Il faut occuper ses oreilles par de la musique ; et du moment qu'on confie à celle-ci le soin d'ex- primer certaines nuances du sentiment, on se demande pourquoi la parole n'en resterait pas tout naturellement chargée. L'exé- crable tapage qui accompagnait Sumurun est cause pour une bonne part d'une certaine impression de vulgarité dont on ne pouvait pas se défendre.

Une grande curiosité allait au décor. Max Reinhardt est l'inventeur de ces architectures passe-partout qu'un changement d'éclairage et d'accessoires suffit à transformer selon tous les besoins de la pièce. Les mêmes éléments, diversement combinés, constituaient tantôt une place publique, tantôt la boutique d'an marchand, tantôt l'intérieur d'un harem. On ne saurait assez insister sur l'utilité de telles tentatives. Elles tendent à libérer le théâtre des servitudes matérielles qui l'écrasent. Elles rendent possibles toute une série d'entreprises que découragent les frais de multiples décors. Elles sont, à leur façon, un acheminement vers Shakespeare et vers toutes les libertés de l'invention dramatique.

Jean Schlu mberger.

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